« CV de Cameron : le salon de massages » lu à haute voix par Sweet Cameron

Bonjour tout le monde ! Comment allez-vous ?

La semaine dernière je vous racontais mes tous premiers pas dans le travail du sexe en tant que cam-girl. J’espère que le billet vous a plu. Si vous ne l’avez pas encore lu, c’est possible ici : Cameuse sur les plateformes puis cameuse indépendante.

Aujourd’hui je vous parle de mes tout débuts en tant que masseuse érotique. Il s’agit également de ma plus mauvaise expérience dans l’industrie du sexe et ça sera l’article le moins drôle que j’écrirai dans cette série. Je ne parle pas ici de massages thérapeutiques, mais de massages dit californiens. Ce sont des massages de détente avec dans mon cas de la nudité et des prestations sexuelles.

Note importante : mon parcours n’est pas typique. Le parcours d’aucune travailleuse du sexe ne l’est. Nous avons toutes nos histoires et nos expériences.

Envie d’en savoir plus ? C’est parti !

I JE ME LANCE DANS LE RÉEL

– Aucun tutoriel n’existe

Nous étions donc en 2010, j’habitais au Royaume-Uni et souhaitais faire une pause en France. Pour ce faire, j’ai posé mes valises à Paris. Je savais déjà que je voulais continuer à travailler dans le travail du sexe en faisant des rencontres. Mais je n’avais aucune idée de comment faire.

J’avais 19 ans et à part quelques cameuses, je ne connaissais aucune autre travailleuse du sexe. Il n’existe aucun tutoriel sur « Comment devenir prostituée 101 ». Je sais que certaines personnes sont absolument contre, mais je pense sincèrement que des cours pour avoir des connaissances de base sur le travail du sexe permettraient de se lancer, tout en restant en sécurité. Pour ma part, à l’époque, ils m’auraient été d’un grand secours. Hélas, la législation empêche que ça soit possible en France.

– À la recherche de lieux de prostitution pour ne pas être seule

Chercher des lieux où faire des rencontres est la toute première chose que j’ai faite. Les maisons closes ont été interdites en France en 1946 par la loi Marthe Richard. Il en existe toujours bien sûr, mais elles sont clandestines et une simple recherche sur Google ne permet pas de les trouver.

À force de recherches plus farfelues les unes que les autres, j’ai fini par découvrir l’existence des fameux « salons de massages ». Bien qu’ils aient pignon sur rue, je n’y avais jamais prêté attention. Tous ces salons ne sont pas les mêmes. Certains ne proposent que des massages, d’autres des massages pendant lesquels la masseuse et le client sont nus, et enfin quelques-uns proposent des prestations sexuelles.

Tout cela est très compliqué à décortiquer. Aucun salon ne dira au téléphone ou à l’accueil à un inconnu ce qu’il en est. Le seul discours ouvert que le salon aura est que, dans leur établissement, on ne fait que des massages et rien de plus. Le seul moyen de savoir réellement ce qui s’y pratique est de connaître quelqu’un qui y travaille ou un client qui fréquente le lieu. Mais il est toujours possible de se lancer à l’aveugle et se faire embaucher pour voir par soi-même. C’est ce que j’ai fait !

II JE ME FAIS EMBAUCHER DANS UN SALON

– Le premier entretien

Devant l’impossibilité d’obtenir des informations j’ai tout simplement décidé de pousser la porte d’un salon qui proposait ouvertement des massages naturistes sans sexe. J’ai obtenu un entretien d’embauche et m’y suis donc présentée. J’ai rencontré la gérante qui n’était pas masseuse elle-même. Nous avons un peu discuté de mon parcours professionnel et du nombre d’heures que j’aurais aimé faire.

Elle m’a fait visiter les locaux, m’a montré les différentes salles de massages, la salle de pause, j’ai croisé très vite une collègue qui remontait en peignoir d’une des chambre. Elle m’a détaillée sous tous les angles, m’a demandé si j’avais des tatouages (à l’époque je n’en avais pas), puis, estimant que je ferai l’affaire, elle a imprimé un contrat. J’ai donc signé un contrat d’esthéticienne en CDI pour quelques heures par semaine.

– La première semaine de travail

J’ai commencé ma première semaine de travail ! J’étais très enthousiaste ! Je travaillais trois jours par semaine, ce qui me laissait le temps de prendre des cours à côté. J’ai rencontré plusieurs collègues, certaines qui étaient là depuis quelques semaines, d’autres depuis plus d’un an. Ce sont elles qui m’ont expliqué le travail de A à Z. Comme je le disais plus haut, aucune école n’existe et tout doit être appris sur le tas.

Elles m’ont montré comment faire une chambre, recevoir un client, comment le masser, quelles positions prendre et lesquelles éviter, le protocole en cas de problème et tant d’autres choses encore ! Les gérants du salon étaient très peu présents. Nous les voyions de temps en temps à l’accueil et parfois, venir vider la caisse. Mais la plupart du temps, nous étions entre collègues.

Ces collègues, je leur serai éternellement reconnaissante pour leur gentillesse, leur patience et leur solidarité. Je retrouverai cette ambiance dans chaque lieu où j’exercerai avec d’autres travailleuses du sexe, mais je ne le savais pas encore à cette époque.

III MON TRAVAIL DE MASSEUSE ÉROTIQUE

– Une journée type

J’ai bien peur de vous décevoir en la décrivant… Le travail du sexe fascine et l’on imagine toujours des journées palpitantes et exotiques ou alors au contraire violentes et harassantes ! Mais la plupart du temps mes journées étaient complètement banales.

La journée débutait à 9h aux portes du salon. Nous avions les clefs et faisions nous même l’ouverture. Les matins comme quasiment partout ailleurs commençaient par un café ! Venait ensuite le ménage du salon. Nous nettoyions les sols et les surfaces de l’accueil, des chambres et de notre salle de pause. Une fois le ménage fait nous nous préparions à accueillir les clients. Nous portions des tenues civiles. Classiques, un poil sexy, un peu de maquillage, quelques accessoires, et voilà ! Nous étions prêtes.

La journée se poursuivait avec le secrétariat. Nous répondions aux appels des clients, à leurs questions et prenions les rendez-vous. Lorsqu’un client se présentait, nous l’accueillions et faisions la prestation. Après un client, chaque masseuse effectuait le ménage de sa chambre. Puis une fois nos heures terminées nous rentrions à la maison.

Plutôt barbant non ? Je vous avais prévenu !

– Les points positifs du travail de masseuse

J’ai adoré travailler avec des collègues. Nous avions pleins de choses à partager et j’ai découvert dans ce salon des personnes exceptionnelles. J’ai également rencontré mes premiers chouchous. C’était il y a très longtemps et je les ai perdus de vue depuis, mais il y en a certains que je n’ai jamais oubliés (coucou monsieur Scarabée). Nos papotages ont été de vrais moments de bonheur à cette période de ma vie.

Auparavant, en tant que cameuse je travaillais chez moi et c’était vite devenu pesant. Donc, pouvoir travailler dans d’autres locaux s’est également révélé être une bonne expérience. Enfin, j’ai énormément appris d’un point de vue professionnel. Comment gérer les clients en réel, comment répondre au téléphone, le vocabulaire spécifique au travail du sexe lorsque l’on fait des rencontres. Cette première expérience m’a donné énormément de savoirs que j’utilise toujours aujourd’hui en tant qu’indépendante.

– Les points négatifs du travail de masseuse

La paye : nous touchions 10% du prix total du massage. Le salon prenait donc une part de 90%. Ces 10% nous étaient remis en espèces, il fallait donc retirer à cela des charges à payer en supplément si nous décidions de les déclarer en tant qu’indépendante. À cela s’ajoutait le salaire d’esthéticienne (au smic). Autant dire que les salaires n’étaient pas fameux.

Les horaires : travaillant pour un salon, je n’étais absolument plus maître de mon emploi du temps. C’est une chose à laquelle j’avais pris goût en tant que cameuse et qui m’a manqué dès mes débuts.

– Le danger de la clandestinité

Je travaillais dans un salon où les patrons nous autorisaient à pratiquer ce que l’on appelle « des finitions ». Dans le monde du massage « finir » signifie faire éjaculer son client. Ça peut être avec les mains, la bouche ou avec un rapport vaginal ou anal. Peu de salon tolèrent les pénétrations vaginales et anales. Cela reste un grand tabou car ces deux pratiques sont associées à la prostitution. Les masturbations et fellations sont quant à elles souvent acceptées.

Il faut savoir qu’il est illégal d’autoriser ses masseuses à pratiquer des finitions. Pour se protéger, les patrons ne nous donnaient donc pas la possibilité d’en parler aux clients avant d’être en cabine avec eux, ni de posséder des préservatifs. Nous ne pouvions donc pas nous protéger en cas de rapport.


Imaginez : le client a passé la porte du salon, payé un massage naturiste, sans être mis au courant de s’il pourra avoir une finition ou non. Certaines masseuses acceptent d’en faire contre un pourboire, d’autres non. À moins de connaitre d’avance sa masseuse il prend donc le risque d’être déçu.

Cette déception peut s’envenimer et des situations de violences sont déjà arrivées. Tout cela dû au fait que nous devions travailler dans la clandestinité.

Il est arrivé que des clients ayant demandé et obtenu une finition ne payent pas celle-ci au moment de partir. Car effectivement, nous n’avions pas le droit de demander l’argent avant à l’accueil, pour des raisons de discrétion. Il fallait donc attendre le client soit rhabillé et sorti. S’il était honnête, l’argent était donc remis à l’accueil, comme un pourboire après le massage.

CONCLUSION

La liste des points négatifs, explique bien je pense, les raisons pour lesquelles j’ai décidé de ne pas continuer à travailler en salon de massages. Je pensais trouver dans un tel lieu une forme de confort de travail. Mais j’y ai trouvé tous les inconvénients du salariat sans aucun des avantages que m’offrait l’indépendance, si ce n’est la présence de mes collègues.

Ceci est mon expérience, dans un seul salon. Je ne doute pas que certains soient beaucoup mieux gérés. Je sais que beaucoup de salons pratiquent le 50/50 pour ce qui est du salaire et n’ont aucune tolérance pour les clients violents.

Lorsque je me suis fait embaucher je ne connaissais personne sur les lieux ; j’ai tenté l’expérience qui finalement ne m’a pas plu. Pourtant, je ne regrette pas de l’avoir essayée. J’ai appris beaucoup de choses, notamment que je n’aime pas masser ! C’est pour cette raison qu’aujourd’hui encore je me fais masser en rendez-vous, mais je ne masse pas moi-même.

Vous me connaissez, je ne suis pas du genre à baisser les bras. Le salon de massages ayant été un échec, je me suis mise à la recherche d’une alternative ! Celle-ci sera l’agence d’escorting. C’était une expérience beaucoup plus agréable qui sera le sujet de mon prochain article CV de Cameron !

J’espère que cette lecture vous a intéressés. Si vous souhaitez suivre mes aventures de plus près, abonnez-vous à mon Twitter !

Bisous bisous


Sweet Cameron